Ma vision du Tantra
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Il y a autant de visions différentes que d’animateurs et de pratiquants, et les différentes obédiences trouvent toutes leur place dans un monde où chacun est différent …
Il y a la vision traditionnelle, les origines, et puis la façon dont chacun les interprète, les adapte aux besoins de notre société moderne.
Je vais présenter ici en grandes lignes les origines, puis pourquoi et comment il s’adapte aux besoins de la société et finalement ma vision :
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Le Vijnanabhaïrava Tantra
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ou Tantra de la connaissance suprême, est un des textes les plus anciens, il présente 112 méthodes pour atteindre la connaissance de Soi (l’éveil), pour se délester des « illusions », c’est à dire de tout ce qui nous empêche de connaître la joie de vivre.
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Ces méthodes sont très variées, passant par des techniques de respiration, de contemplation, etc.
Elles y sont présentées succinctement, sous la forme d’une conversation entre le dieu Bhairava et son épouse Bhairavi, Bhairavi assise en tailleur sur les jambes de Bhairava, ce qui a inspiré les statuettes que l’on peut voir dans tous les stages contemporains.
Le tantra actuel s’inspire principalement de deux d’entre elles (voire 3 selon les interprétations), celles qui évoquent la kundalini (ou énergie sexuelle).
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Importation en occident
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Les premiers à avoir apporté le tantra en occident sont en particulier Jung (même si ses écrits sur le sujet sont peu connus) Osho (dont le premier livre « le livre des secrets », publié sous son nom de baptême « Bagwan Shree Rajneesh », est une description commentée des 112 méthodes) et Daniel Odier avec en particulier son excellent ouvrage « L’initiation d’un occidental à l’amour absolu ».
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Mais c’est sans aucun doute Osho qui a apporté la plus grande contribution, au travers de ses nombreux ouvrages et toutes les pratiques qu’il a initié (en particulier via Margot Anand qui elle même est à l’origine d’une impressionnante « famille » d’animateurs).
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Les sensibilités de chaque personne formée, en formant d’autres, le téléphone arabe et la nécessité évidente de s’adapter aux participants ont fait qu’il y a maintenant une multitude d’obédiences toutes très différentes les unes des autres, et il n’est pas rare de voir des animateurs proposer des activités allant à l’opposé des enseignements d’Osho tout en croyant sincèrement suivre la voie qu’il a initié.
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Il faut prendre suffisamment de recul pour voir que ceci est
merveilleux.
En effet, chaque intéressé au tantra part d’un « endroit » qui lui est propre, et a besoin pour progresser d’un cadre qui englobe ce point de départ. Il n’est par exemple, pas difficile d’imaginer que le chemin que suivra une religieuse désireuse de connaître le Tantra ne sera pas du tout le même que celui d’un libertin ou d’une personne souffrant de traumatismes liés à des abus ou d’un mystique.
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La grande diversité des obédiences permet à chacun de trouver son chemin. Et même les intégristes qui pensent détenir LA vérité sur ce qu’est le tantra y trouvent leur place.
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Nos blessures, illusions, etc
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Comme beaucoup d’autres (J. Krishnamurti, E. Tollé, A. Hicks, Story Waters, M. Ruiz, les bouddhistes en général, etc.) Osho a aussi beaucoup enseigné sur la nature de l’Être, sur la nature de l’illusion, sur les pièges du mental, sur la nature illusoire de l’ego, etc. En fait, il ne parle presque que de cela.
Que ce soit dans des ouvrages non spécifiquement liés au tantra (« Intimité », « Courage », « l’évangile de Thomas », « Maturité », etc.) ou dans des ouvrages spécifiquement dédiés au Tantra comme l’excellent « Tantra, spiritualité et sexe », Osho explique que le mental ne fait que de reconduire le passé dans le futur, maintenant ainsi l’illusion, et que la porte de sortie réside dans l’instant présent.
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Comme les autres, il explique que dans cet instant présent, il y a un observateur, un témoin, et que celui-ci ne juge pas, qu’il accepte l’instant tel qu’il est.
Il montre par milles exemples qu’il n’y a rien qui soit intrinsèquement bien ou mal, et par conséquent rien qui soit sacré ou profane.
Il démontre que la quiétude vient d’un ancrage consistant à choisir son état d’être indépendamment de ce qui se présente à l’extérieur, et il met en lumière le fait que le choix de l’état d’être ne se fait nulle part ailleurs qu’à l’intérieur de l’individu.
Ceci revient à prendre conscience que notre état d’être n’est pas le fait de ce qui arrive à l’extérieur, mais de ce que l’on en fait à l’intérieur. Tantôt un élément extérieur réveille une vieille blessure, un trauma (un corps de souffrance dirait E. Tollé), et le petit moi se sent blessé.
Il a peur, exprime de la tristesse, de la colère ou tente une stratégie de séduction. C’est là réagir au monde extérieur, lui donner notre propre pouvoir. Être la marionnette de la société.
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La stratégie la plus commune face à ces éléments extérieurs est de se réfugier dans des milieux protégés, pour ne pas avoir le risque (ou l’opportunité?) de regarder en face ses propres blocages.
La personne a alors la possibilité de vivre sereinement, du moins tant qu’elle est bien à l’abri dans son ashram. Mais elle ne progresse pas, ses démons sont toujours là en elle, et ils se gavent des peurs et des angoisses qui ne manquent pas d’envahir la personne qui sait
pertinemment qu’un jour ou l’autre il faudra bien se confronter à la vraie vie, ne serait-ce que pour mourir.
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Bien sur, si il y a une blessure, il n’est pas raisonnable de l’exposer sans précautions. Et nous avons tous des blessures. C’est là qu’il est utile de prévoir des cadres particuliers, sécurisés, dans lesquels il est possible d’oser aller voir la réalité des blessures, des peurs ou des angoisses.
Des cadres dans lesquels il est possible d’oser ressentir la véritable sensation plutôt que de ressentir l’idée que l’on s’en fait. Mais cela implique de sortir de la zone d’habitude (parfois appelée zone de confort) … un ashram dans lequel il est si facile de s’enfermer.
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Le tantra est donc avant tout un état d’esprit
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Osho le dit si bien, tout ce qui permet d’augmenter notre conscience de notre véritable nature est tantrique. Il n’y a pas d’acte qui soit tantrique et d’autres qui ne le soient pas. Ce qui fait la différence entre le Tantra et vivre dans l’illusion, c’est l’attitude consistant à utiliser l’expérience pour faire connaissance avec ce qui se passe en nous, notre nature profonde, avec l’Être (le Divin, Soi, le Grand Machin, quel que soit le nom qui lui est donné, cela n’y change rien).
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Cette attitude peut être décrite ainsi : Il s’agit non pas d’observer ce qui se passe à l’extérieur, mais d’observer ce que l’on fait à l’intérieur avec ce qui se passe à l’extérieur.
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Par exemple, si durant un exercice une musique ne me convient pas. Est-ce que je jugerai que cette musique est inadéquate ? Que l’organisateur est incompétent ? Ou est-ce que je profiterai du constat que certains ont trouvé cette musique parfaite pour réaliser qu’il ne s’agit nullement d’une qualité de la musique, mais uniquement une appréciation de mon mental, habitué à d’autres airs, programmé à d’autres habitudes ? Laquelle des deux attitudes est-elle Tantrique ?
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Si j’insulte un caïd dans la rue, il se mettra probablement en colère. Si j’insulte le Dalaï-lama de la même manière, celui-ci sera plein de compassion, il se demandera comment il peut m’aider à sortir de ma folie.
Ceci prouve bien que ni la colère ni la compassion ne sont portées par l’insulte (ni par quoi que ce soit émanant du monde extérieur) mais qu’elles sont un choix de celui qui la reçoit.
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Un choix inconscient et mal-habile pour le caïd, un choix conscient et fort habile pour le Dalaï-lama.
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Une personne ayant vécu le bonheur dans un stage devrait se demander si ce bonheur lui vient d’avoir vécu protégée l’espace d’un temps ou si il vient de s’être libérée de certaines de ses casseroles.
En tout cas, d’expérience, celles qui sont enfermées dans des habitudes et paniquent en présence de propositions sortant un tant soit peu de leurs habitudes (en accusant les animateurs d’être inappropriés) ne soignent pas leurs blessures, mais recherchent au contraire des milieux protégés pour avoir l’illusion de vivre sereinement.
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Oser se regarder
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Je pense qu’il est important de bien différencier l’amour et la compassion de la pitié.
Si une personne se maintient dans une position de victime, en évitant de toutes ses forces toute expérience qui pourrait la confronter à ses peurs, il est évidemment possible de la protéger, de lui aménager un espace exempt de tout ce qui pourrait réveiller ses démons, de porter un masque pour ne pas lui déplaire, ou de même la plaindre.
Mais c’est là, de la pitié.
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Avoir la franchise (voire le courage) de la mettre avec bienveillance en face d’elle-même (surtout si elle le demande, ce qu’elle fait implicitement en s’inscrivant à un stage de Tantra, même en auto-géré), de lui montrer clairement les endroits où elle continue à donner son pouvoir au monde extérieur, voilà la seule voie qui lui permettra de s’éveiller : lui dire les choses telles qu’elles sont, sans se soucier d’être aimé ou détesté.
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Et de manière très intéressante, quand la personne réagit, c’est le sure signe qu’on a touché juste, puisqu’en réagissant elle se déleste de son pouvoir de choisir son état d’esprit indépendamment de ce qui vient de l’extérieur.
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Oser la transparence
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J’ai accompagné beaucoup de personnes sur ce chemin. Certaines sont passées par des phases où elles ne m’aimaient pas. Je ne m’en suis jamais soucié, car c’est l’ombre en elles-même qui les dérangeaient, pas celui qui leur montre son existence.
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Que ce soit dans le cadre des stages, dans mes présentations ou dans ma communication en général, ce dont je me soucie, c’est d’être authentique. Je mets ma vigilance à exprimer ma vérité sans me soucier le moins du monde des avis extérieurs, de dogmes ou de morales et encore moins de l’avis des bien pensants, ou de jugements à l’emporte pièce de personnes n’ayant aucune idée de qui Je suis.
Je laisse aux autres leur pouvoir de choisir ce qu’ils en font sans prétendre avoir celui de les impacter si elles ne le souhaitent pas.
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Je constate toutefois que, dans la grande majorité des cas, les personnes participant aux diverses activités que je propose en ressortent grandies, libérées, se sentent bien plus légère et aptes à oser vivre naturellement, comme des enfants explorant le monde merveilleux … Avec des étoiles plein les yeux !